Raffinerie de sucre
(doc. Association pour la Sauvegarde des Remparts du château de Montargis)
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De la canne à sucre à la betterave, du duc d’Orléans au baron Delessert, histoire de la raffinerie de Montargis
(1789-1895)
histoire du début de l'aire industrielle en France par M. Frédéric Pige, docteur en Histoire.
Montargis, cité industrielle ? Si cette affirmation peut étonner en 2013, tel ne fut pas toujours le cas. A la fin de l’Ancien Régime, Louis Philippe Joseph, duc d’Orléans et seigneur de Montargis depuis 1785, décide d’investir dans le négoce pour s’assurer des revenus à la hauteur de ses dépenses. Pour ce faire, il s’entoure d’une administration, qui s’avérera particulièrement efficace, et de conseillers influents : Charles Louis Du Crest puis Louis René Madeleine Levassor de la Touche-Tréville. Si une partie de ses investissements se fait à Orléans et à Paris, Montargis n’est pas en reste. Sa position avantageuse − proximité de Paris, excellente desserte impliquant un coût de transport de la matière première ou des produits finis bon marché (canaux de Briare, d’Orléans et de Loing), présence d’une vaste forêt permettant un approvisionnement local en bois − et une main-d’œuvre abondante et peu chère sont des atouts indiscutables. C’est dans ces conditions que fur ent créées u ne raffinerie de sucre et une filature de coton .
Le choix du terrain
Pour implanter la raffinerie de sucre, il fallait avant tout trouver un terrain. Celui-ci se devait d’être le long du canal du Loing afin de faciliter l’arrivée et le départ des marchandises. Il devait également se trouver au plus proche de la main-d’œuvre. Il est cependant curieux que ce soit dans l’enceinte intra-muros de la ville que le choix des bâtisseurs se soit fixé. En effet, la place y était rare et les inconvénients réels, tels le risque de propagation d’incendie en cas de sinistre ou encore les nuisances liées aux fumées des différents fours. Le port de Montargis, qui faisait face à la ville, aurait pu s’avérer être un choix plus judicieux.
Si nous ne connaissons pas la genèse du projet de construction, ni la période où il a été conçu, toujours est-il que la phase active d’acquisition des terrains nécessaires débuta le 31 mars 1789. Ce jour-là, Pierre François Lefevre-Desmarres, directeur du domaine du prince à Montargis, acheta une première maison rue et carrefour du pâtis . Il s’en suivi treize autres acquisitions jusqu’au 28 avril 1791 . Certains biens furent plus difficiles à acheter du fait de la réticence des propriétaires. Il fut alors nécessaire de procéder à des transactions pour parvenir à dégager la place nécessaire à la nouvelle construction. Ainsi, René Houi, manœuvre, et la veuve Vaillot, journalière, réussirent à faire plier le prince en exigeant un échange de leur maison contre une autre : La propriété de ladite veuve Vaillot et celle de René Houi sont utiles au prince pour finir et donner une forme régulière à l’emplacement sur lequel SAS fait élever un bâtiment destiné à faire une raffinerie ; ces particuliers n’ayant point voulu vendre leur propriété, M. Desmarres leur a proposé de les échanger contre la maison qu’il a acquis du sieur Chambert . Cette transaction à l’amiable doit beaucoup à la période troublée que vit le royaume. Il n’est alors pas prudent pour un prince de sang d’exercer de grandes pressions sur de pauvres sujets.
Une construction vaste et moderne
Le bâtiment principal de la raffinerie se doit d’être neuf pour répondre aux impératifs du raffinage du sucre, à savoir faire cuire puis sécher la mélasse pour la transformer en sucre. Il consiste en un corps principal et deux ailes. L’ensemble est élevé sur quatre étages et repose sur des caves immenses soutenues par des piliers de pierre.
Les caves servent à entreposer le charbon de terre et les barriques de mélasse. Au rez-de-chaussée se trouvent les espaces de transformation de la mélasse. Une première pièce sert au stockage des sucres bruts qui attendent d’être traités. Ceux-ci sont ensuite acheminés dans la pièce voisine où sont quatre chaudières. A l’aide d’eau de chaux, les deux premières chaudières servent à clarifier le produit. La troisième cuit le sucre et la quatrième concentre les écumes . A la suite de ces opérations, le sucre est transporté dans une troisième pièce pour être coulé dans des formes, c’est-à-dire des poteries qui lui donneront après séchage la forme de pain. Les étages supérieurs servent quant à eux d’étuves pour sécher le sucre.
Une grue permettant de charger et décharger les marchandises est installée entre le canal et le bâtiment principal.
Un chantier rapide et couteux
Les travaux commencent dès 1789. Avant de construire, il est nécessaire de démolir quelques maisons et surtout les murs de fortification de la ville. Des maisons donnant sur la rue du four des barres sont conservées pour les besoins de la raffinerie et de ses employés. Ainsi, la maison de Louis Béranger, conseiller du roi et élu en l’élection de Montargis, acquise moyennant 12 600 livres, sert-elle de logement au futur directeur . Une autre sert de dortoir et d’infirmerie .
Pour faciliter le transport de toutes espèces de matériaux pour la construction de la raffinerie, le chantier dispose de deux bateaux : une flette et une barquette . La flette servira ensuite à l’acheminement des sucres bruts . Un troisième bateau est mentionné mais celui-ci étant devenu impropre au service, il est déchiré […] afin d’avoir des appontements et échafaudages pour la construction de ladite raffinerie . Le chantier est rapide et le gros des travaux est déjà achevé à l’été 1790 .
Le coût de la construction de la raffinerie, équipement compris, s’élève à 106 024 livres auxquels il faut ajouter les 50 000 livres pour l’achat des terrains.
Pour financer ces travaux, ainsi que ceux de la filature de coton, le duc d’Orléans est obligé de recourir à l’emprunt. Dès le mois d’avril 1789, il charge ses officiers de trouver des investisseurs . Ceux-ci sont principalement locaux, telles les familles Pougin de la Maisonneuve ou Birague, petits nobles en quête de potentiels gros profits mais l’histoire ne leur donnera pas raison… Un montage financier complexe Comme dit en introduction, Montargis avait toutes les cartes en main pour devenir un véritable centre industriel, tous sauf un, essentiel celui-là : le cours de l’histoire… Les premiers mois de la Révolution n’ont eu que peu de conséquences sur l’entreprise. Le duc d’Orléans se rallie d’ailleurs au Tiers État dès le 25 juin 1789. Cependant, au cours du printemps et de l’été 1790, les discussions du pays tournent autour de la suppression des apanages et de la confiscation des biens de la famille royale. Face aux troubles, le duc d’Orléans anticipe les événements et veille à protéger ses intérêts. Ainsi, le 11 août 1790, il vend à son homme de confiance et bailly, le comte de Latouche-Tréville, sa raffinerie et sa filature de Montargis installé au chateau de Montargis voyant que ces deux établissements sont actuellement suffisamment bien montés pour pouvoir se flatter du succès qu’ils promettent, surtout en continuant par M. de la Touche d’y donner ses soins, et voulant saisir cette occasion, en opérant le bien public, de donner à M. de la Touche un témoignage de son attachement et de la satisfaction que M. D’Orléans a des services essentiels que M. de la Touche lui a rendus jusqu’à présent […] et de ceux qu’il continuera de lui rendre par la suite . La transaction est conclue moyennant 288 000 livres. Le duc d’Orléans se décharge alors de tout et précise qu’il ne pourra plus être concerné directement ou indirectement. Il s’agit là d’une tentative de dissimulation de ses biens.
Le comte de Latouche-Tréville s’associe le 16 septembre 1790 à Augustin Denys de Vitré et crée une société en commandite pour gérer sa raffinerie . Il apporte le bien fonds et Denys de Vitré fait office de directeur. La société prend d’ailleurs son nom : « Augustin Denys et compagnie ». Cette association ne dura pas les douze années prévues. Une mésentente entre les hommes et l’ombre du duc d’Orléans ne la fit durer que quelques mois. Dès le 17 juin 1791, le comte de Latouche-Tréville s’associe avec le duc d’Orléans . Le contrat qui les unie laisse transparaître les montages financiers et la confiance qui avait été donnée par le duc d’Orléans au comte de Latouche-Tréville pour dissimuler une partie de sa fortune. Si Latouche-Tréville reste propriétaire de la raffinerie et de la filature, il reconnaît avoir reçu de fortes sommes de la part du duc, lui ouvrant ainsi droit à un tiers des bénéfices escomptés. Il devra en plus lui fournir des mémoires détaillés des différentes opé
rations de caisse.
Des débuts prometteurs
Il semble que les premiers mois d’existence de la raffinerie soient prometteurs. Les quelques chiffres dont nous disposons nous laissent entrevoir des mouvements financiers considérables. En janvier 1792, la valeur totale du stock de la raffinerie est de 952 914 livres, auxquels il faut ajouter 49 200 livres de guildiverie c’est-à-dire de produits de distillation destinés à faire des alcools . En termes de quantité de produits, cela correspond à un peu plus de 11 tonnes de sucres livrables, 156 tonnes de sucres dans les greniers en train de sécher, 45 tonnes de mélasse en cours de traitement et 126 tonnes de mélasse en réserve. Ces produits proviennent en partie de la plantation du Figuier à Saint-Domingue appartenant au duc d’Orléans .
Nous ne savons que peu de choses concernant les ouvriers qui travaillent à la raffinerie. Certains demeurent sur place où une maison leur est consacrée. Celle-ci contient dix-huit lits complets dont sept à baldaquins . Les rares noms qui nous sont parvenus sont ceux du dénommé Merlet, contremaître et bras droit du directeur ; Gilles Alexis Coquelin, distillateur, originaire de Framicourt (Somme) , Jean Rué raffineur originaire de Montargis , Jean Marie Berne, raffineur originaire de Bellegarde en Forez (Loire) , Michel Lavoies, compagnon raffineur originaire de Chécy , Gilbert Pluyot, raffineur, originaire de Glenic (Creuse) et Pierre Ambroise Fly, raffineur .
Une courte existence tourmentée
En octobre 1793, l’emprisonnement du comte de Latouche-Tréville porte un premier coup au bon déroulement des affaires de la raffinerie . Un coup plus dur encore intervient le 21 frimaire an II (11 décembre 1793). Le citoyen Vauclin, commissaire du Comité de salut public, fait réquisitionner toutes les chaudières et autres ustensiles de cuivre servant à l’exploitation de la raffinerie de cette commune [...] pour la régie des poudres . Privé de ses moyens de production, la raffinerie s’arrête.
Le comte de Latouche-Tréville est libéré en septembre 1794. Sa libération ne signifie pas la fin de ses ennuis. En effet, sa fortune personnelle est déjà bien entamée et il doit satisfaire de nombreux créanciers. Dans un premier temps, le 6 brumaire an III (27 octobre 1794), il va plaider sa cause auprès des instances municipales en réclamant le remboursement du cuivre qui a été réquisitionné, à savoir quatre cuves avec leurs robinets en cuivre, une grande chaudière et divers ustensiles . Il obtient gain de cause le 25 brumaire suivant et reçoit 1 954 F, mais cette somme est plus qu’insuffisante pour éponger ses dettes.
Le 8 floréal an III (27 avril 1795), il est obligé de mettre en vente par adjudication au plus offrant sa raffinerie, seul bien pouvant lui permettre de se remettre financièrement à flot . L’enchère de départ est de 850 000 livres et comprend, outre les bâtiments, tous les ustensiles nécessaires au raffinage et des réserves de charbon mais pas la moindre barrique de sucre. A ce prix, personne n’est intéressé.
Le 27 floréal suivant (16 mai 1795), le comte de Latouche-Tréville charge Léonard Pierre Edouard Ragu, son homme de confiance, de poursuivre la liquidation générale de ses dettes […] et pour y parvenir, vendre […] tout ou partie du mobilier à lui appartenant […] dépendant de sa raffinerie […] comme aussi vendre […] tous les bâtiments qui composent l’établissement de ladite raffinerie […], ce collectivement ou séparément . Il est donc prêt à tout démanteler si cela lui permet d’en tirer le meilleur profit. Le 9 Thermidor an III (27 Juillet 1795), il écrit à Rigaud, son homme de loi parisien, pour le presser de trouver des acquéreurs pour sa raffinerie . C’est chose faite le 2 frimaire an IV (23 novembre 1795) auprès d’un groupement de négociants parisiens, à savoir : Jean François Claude Foulon, Louis Vincent Lefebvre et Edme Paris . Ceux-ci paient 15 360 livres en louis d’or, ce qui représente une somme considérable en une période où le papier monnaie se dévalue quotidienneme
nt.
Une longue période d’inactivité ?
De 1795 à 1813, nous ignorons ce que devient la raffinerie. Un rapport établi vers 1800 de Julien André Mésange, sous-préfet de Montargis, indique qu’elle est à l’arrêt à cause du blocus maritime qui empêche tout approvisionnement en mélasse .
En 1805, un ouvrage de commerce intitulé la boussole des spéculateurs la mentionne en tant que telle mais l’Almanach du commerce de Paris, des départements… de la même année ne la mentionne pas.
Le 9 octobre 1810, une grande cave dépendant de ladite raffinerie ayant son entrée dans le fonds de la grande cour et située sous l’ancienne salle de danse est louée à Augustin Picard, marchand épicier, et Claude Blanchet, son beau-fils, pour une année . Nous n’avons pas de trace de bail pour la salle de danse.
Entre temps, l’association entre les trois propriétaires se dissout. Le 15 thermidor an VII (2 août 1799), Paris achète les parts de Lefebvre par adjudication puis le 9 avril 1808 celle de Foulon moyennant 5 500 F .
En novembre 1812, Adèle Paris, qui a hérité de ses parents, obtient un dégrèvement d’impôts sur les bâtiments de la raffinerie étant donné qu’ils sont vacants et non loués depuis deux ans .
L’arrivée de la betterave sucrière
Depuis 1806, le blocus continental est décrété : il est interdit de commercer avec l’Angleterre alors maitresse de toutes les routes maritimes. Seulement, cette politique prive le pays de sucre qui provient exclusivement des cannes à sucre. Des recherches sont alors effectuées sur la betterave blanche qui est connu depuis le milieu du XVIIIe siècle comme pouvant fournir du sucre. Seulement, le procédé n’est qu’expérimental. Des recherches sont alors effectuées. Celles-ci étant sur le point d’aboutir, il est ordonné la culture de la betterave dès l’année 1811.
Le 10 avril 1811, le sous-préfet de Montargis envoya une directive en ce sens aux maires de son arrondissement les engageant à favoriser cette culture pour s’affranchir des sommes énormes que nous sommes obligés de donner annuellement aux Anglais, ces implacables ennemis du repos des nations . Il impose la culture de 125 hectares répartis sur les communes dont le sol peut recevoir cette culture. Cette circulaire ne reçut pas l’enthousiasme escompté.
Une nouvelle circulaire fut promulguée le 8 août suivant pour mobiliser les maires. Le sous-préfet indique alors qu’il est chargé de [se] concerter avec le propriétaire de l’ancienne raffinerie établie à Montargis sur les mesures à prendre pour commencer dès cette année la fabrication de sucre de betterave . Le redémarrage de la raffinerie semble donc se profiler. Il s’accélère le 2 janvier 1812 lorsque Jules Paul Benjamin Delessert réussit l’extraction industrielle du sucre de betterave depuis sa raffinerie de Passy . Le sous-préfet s’en fait l’écho le 18 février suivant lorsqu’il écrit aux maires de l’arrondissement : Actuellement qu’on ne doute plus du succès des récoltes, des établissements pour l’extraction de ce sucre vont se former dans le département ; et la ville de Montargis en renferme un qui, il n’en faut pas douter, sera pourvu cette année des ustensiles nécessaires à cette fabrication .
Les tractations entre le pouvoir impérial et la propriétaire de la raffinerie aboutissent les 1er et 2 février 1813 par le bail des locaux à la maison de commerce Delessert et compagnie . Les conditions qui accompagnent cette location sont nombreuses et consistent principalement à la remise en état des bâtiments qui semblent avoir souffert de dépérissement faute d’occupation. Dès le 12 février suivant, Delessert donne pouvoir à Maximilien Vanberchem, négociant demeurant Sainte-Geneviève-des-Bois, de passer tous les contrats nécessaires avec les propriétaires et cultivateurs des environs de Montargis pour la culture, l’achat et la livraison à la fin de cette année ou au commencement de la prochaine, d’une certaine quantité de racines de betterave destinée à l’exploitation de la fabrique que nous avons établie à Montargis . Le 2 mars, une nouvelle procuration désigne Vanberchem comme responsable de l’exploitation de la raffinerie de Montargis . Le 7 mars, Vanberchem loue 1 hect
are et demi de terre derrière le château de Montargis et à Amilly pour y faire chaque année des betteraves .
Un nouvel échec
Malgré de bonnes intentions, l’entreprise ne reçut pas le succès escompté. Dès le 27 juillet 1814, Vanberchem résilie les différents contrats qu’il avait passés . L’aventure n’aura pas duré plus d’une saison. Plusieurs explications peuvent être apportées.
En premier lieu, les autorités locales n’ont pas réussi à imposer la culture de la betterave et les surfaces minimales à cultiver n’ont jamais été atteintes. Ceci s’explique par le fait que la première année de culture, en 1811, les betteraves ne furent pas achetées pour faire du sucre. Les agriculteurs furent contraints de les donner à leurs bestiaux . Ensuite, la culture fut souvent un échec. Le maire de Bellegarde indique que sur 30 perches d’ensemencés en 1812, il n’y en a que le douzième qui a poussé . Enfin, la culture de la betterave s’avère peu rentable pour les agriculteurs. Le sieur Chabouillé Dupetitmont, qui exploite la terre de la Plissonnière à Coudroy, mentionne son expérience dans son ouvrage intitulé manuel pratique du laboureur . Il y explique avoir cultivé des betteraves en 1812 […] d’après les ordres de M. le préfet du département du Loiret, sur les instructions d’une compagnie soutenue du gouvernement, qui venait d’établir une raffinerie de sucre de bette
rave à Montargis. Il insiste sur le fait qu’en comparant, tant en recette qu’en dépense la culture de cette betterave à celle d’une avoine […], il y a perte pour lui. C’est pour cette raison qu’il a arrêté en 1813 de continuer à en cultiver pour son compte.
Un autre fait, tout aussi déterminant, explique l’arrêt de la raffinerie : le blocus a été levé en avril 1814. Dès lors, la mélasse provenant des Antilles a inondé le marché et a stoppé net l’essor de la betterave. Celle-ci ne reviendra qu’après 1848 et l’abolition de l’esclavage, la rendant plus compétitive.
Un abandon inévitable
Une nouvelle fois, la raffinerie est abandonnée. Il est probable qu’une partie des bâtiments ait alors servie d’entrepôts. Le 29 janvier 1822, Adèle Paris, mariée à Auguste Jean Lecoq, lieutenant de gendarmerie à Gien, vend la propriété à Louis Alexandre Lemaire, lieutenant au 2e régiment des grenadiers à cheval de la garde royale et ami du couple, moyennant 30 000 F payables qu’à partir de 1827 . Celui-ci achète la raffinerie car cet immeuble était par nature susceptible d’être l’objet d’une spéculation assez avantageuse . Il est d’ailleurs prévu qu’il partage ses gains avec les vendeurs : Lemaire leur donna sa parole d’honneur de la faire participer au bénéfice de l’opération qu’il pourrait faire soit en revendant l’immeuble, soit en démolissant les constructions importantes qui existaient sur ledit immeuble. Lemaire décide de transformer la raffinerie en filature de coton. Il revend les bâtiments dès le 27 septembre 1822 . Cette opération se fait dans la précipitation car Lemaire fut forcé de quitter la France, ce qui le mit dans l’impossibilité d’opérer la spéculation qu’il avait projetée .
Le nouvel acquéreur, Charles Métais, propriétaire à Montargis, rachète l’ensemble pour la même somme de 30 000 F. Il le revend deux ans plus tard moyennant 40 000 F, empochant ainsi une plus-value qu’il accepta de partager avec Adèle Paris en considération de la promesse qu’avait faite le sieur Lemaire .
Avec l’arrivée de Louis Philibert Pelletier, négociant de Montargis, un nouveau tournant va être opéré. Il commence par vendre, le 25 novembre 1825, la maison du directeur de la raffinerie au comte François Marie Clément de la Roncière, lieutenant général des armées du roi, moyennant 14 000 F. Pour ce qui est du bâtiment de la raffinerie en lui-même, il le fait démolir en partie, ne conservant que les caves, une petite portion de l’aile gauche du bâtiment qui sert dorénavant de magasin et quelques murs destinés à recevoir des charpentes pour en faire des appentis. Le reste a certainement été vendu comme pierres de construction à l’instar du château de Montargis. Telle est la description qui en est faite lors de la vente des lieux en décembre 1845 par les héritiers Pelletier . L’ensemble ne vaut plus alors que 10 000 F.
Théophile André Dautry devient propriétaire des lieux en 1848 . Couvreur de profession, il apporte de nombreuses modifications aux bâtiments subsistant et en construit des nouveaux . C’est sous cette forme que nous connaissons aujourd’hui les lieux.
Concernant l’ancienne maison de maitre, elle a également fait l’objet de nombreuses cessions. Le général Clément de la Roncière s’en sépare en 1838 au profit de Jean Félix Maulmond, avoué au tribunal de Montargis .
En 1859, c’est Zélie Pauline Mathilde Guérin, maîtresse de pension, qui achète la maison pour y exercer sa profession . Fait curieux, l’antériorité de propriété indique que le comte de la Roncière a acheté le terrain sur lequel il aurait fait reconstruire une nouvelle maison. Cependant, une vue datée de 1824 de la maison nous fait douter de cette affirmation car il y a de nombreux points communs avec la maison telle que nous pouvons encore l’observer aujourd’hui. En particulier, la porte d’entrée principale est bien reconnaissable. Il est donc probable que le comte de la Roncière ait opéré des aménagements plutôt qu’une reconstruction totale.
La maison change une nouvelle fois de mains en 1870 au profit de Charles Désiré Notaire, négociant à Montargis . Le 29 mai 1895, il la revend à Marie Louise Adélaïde Vienot de Vaublanc, veuve d’Albert Huchet de Cintré . Celle-ci en fait don la semaine suivante à la fabrique de Montargis pour en faire un presbytère, ce qu’il est toujours.
Raffinerie de sucre (doc. Association pour la Sauvegarde des Remparts du château de Montargis) | Maison du directeur (doc. Association pour la Sauvegarde des Remparts du château de Montargis) |
Cave (doc. Association pour la Sauvegarde des Remparts du château de Montargis) |
demande d'inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques
Château de Montargis et à l'issue de la visite du château de Montargis descente vers la raffinerie soit environ 750 mètres à pied.
voir château de Montargis
les visites se font à partir du château de Montargis. Un ou une guide vous conduira sur place.
Horaire des visites de 9h30 à 18h30, tous les jours de la semaine
du mois de Juin au mois de septembre septembre
tarif 2 euro
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