La construction des ouvrages ne s'est pas faite sans problèmes. En effet, s'il existe un ouvrage qui eut à souffrir des tergiversations des bâtisseurs, c'est bien celui de la Madeleine, à Rimplas.
Commencé pratiquement un an et demi avant les autres, il souffrit à la fois d'un manque de conceptions bien arrêtées et de l'absence prolongée des données techniques d'un armement en cours d'élaboration. Ce qui eu pour conséquence d'entrainer une succession de modifications et d'engendrer un ouvrage à la forme curieuse.
L'ouvrage dispose d'un téléphérique mono-câble du constructeur Brien-Anzun, d'une longueur de 878 m pour un dénivelé de 602 m, le tout soutenu par 6 pylônes. Son débit horaire est de 5 tonnes à l'heure, soit un débit journalier de 52 tonnes â 48 tonnes pour les munitions puis 4 tonnes pour les vivres et divers “ Il est équipé de 21 wagonnets, ayant chacun 250 Kg de charge utile et circulant à 2m par secondes. Celui-ci était entrainé par deux moteurs thermique.
L'ouvrage peut vivre en autarcie pendant 3 mois, sans voir une seule fois le jour. Construit sur une source ayant un débit de 7 litres secondes d'eau potable, l'eau est stockée dans une réserve total de 120 000 litres, 95 000 litres répartis dans 5 cuves de 19 000 litres chacune, et 25 000 répartis sur 2 cuves de 12 500 litres chacune servant à la filtration, pour s'assurer de l'absence de produits toxiques.
Les besoins de l'ouvrage en énergie sont estimés à 160Kwa. L'usine abrite 3 moteurs mazouts SMIM (Société des Moteurs pour l'Industrie et la Marine) de 150 Cv en 6 cylindres, entrainant une génératrice SW de 80 Kwa triphasé. Le troisième moteur étant prévu en secours. Les besoins sont de 96 M3 d'eau pour le refroidissement, 2 m3 de lubrifiant et 40 M3 de carburant.
L'ouvrage est alimenté par une ligne électrique du réseau public, en cas de coupure, l'usine produit sa propre énergie électrique nécessaire au fonctionnement de l'ouvrage. La réserve de mazout, est elle aussi importante. En effet, elle représente 40 000 litres seulement pour les moteurs. Les réserves en vivres sont elles aussi très importantes, de nombreuses boites de conserve, le frais n'était pas envisageable en l'absence de réfrigérateurs.
Le 25 Aout 1937, le Capitaine Rimbaud, des Service du Génie, remettait officiellement les clés de l'ouvrage au Capitaine Toussaint du 74 ° BAF Bataillons Alpin de Forteresse. Le coût de l'ouvrage terminé était de 34 186 000 F.
Treize années de vicissitudes vinrent trouver leur aboutissement dans cinq jours de combat au cours desquels l'ouvrage n'eut malheureusement pas le temps de justifier toutes les peines et tous les tracas qu'il eut causé à ses bâtisseurs.
40 ans après, Rimplas est devenu une champignonnière qui, si elle produit des pleurotes succulents, n'en accélère pas moins la dégradation de l'intérieur de l'ouvrage.
Ah, Colonel André, Capitaine Rimbaud, Commandant Laillat, combien de nuits blanches, de migraines et de soucis pour modifier l'axe d'un créneau, relever le redan d'une visière ou estimer les probabilités d'atteinte de tirs ennemis, combien d'années de votre vie pour ce qui restera votre oeuvre, mais qui s'en soucis aujourd'hui ?
Publicité |