L'hôtel Grandet de la Plesse illustre l'architecture noble de la fin de la période gothique.
Selon de récentes recherches, la demeure appartenait initialement à la grande famille de Tinténiac, originaire de Bretagne et installée en Anjou depuis le XIVe siècle. L'hôtel est bâti vers 1500 pour Jean de Tinténiac, chanoine de Saint-Martin d'Angers, doyen de cette collégiale par la suite et frère de l'abbé de Saint-Aubin. On lui doit la construction des deux corps de logis sur cour et de la tour d'escalier. L'ensemble comprend également un corps d'habitation plus modeste (au 5-7 rue Malsou) rapidement séparé du logis principal.
Après divers occupants, l'hôtel est aux mains de Jacques Grandet de la Plesse, dont la famille est propriétaire pendant près d'un siècle et laisse son nom à l'édifice. Attesté dans les lieux en 1643, ce conseiller du roi et lieutenant en la maréchaussée d'Anjou est vraisemblablement à l'origine de l'agrandissement de la demeure : un nouveau corps d'habitation est construit entre la rue et le jardin, lui-même acquis à la fin du XVIe siècle.
Au début du XIXe siècle, l'hôtel appartient à l'évêché puis, à une congrégation de religieuses qui y installe une école. La ville l'achète en 1972 et le revend trois ans plus tard à l'actuel propriétaire qui engage la restauration de l'édifice.
Séparé de la rue par un haut mur de clôture, l'hôtel Grandet de la Plesse présente un plan entre cour et jardin. Cette typologie est caractéristique des demeures de notable, la cour introduisant une distance entre l'espace public et l'entrée du logis.
Une haute tour hors oeuvre, abritant un escalier en vis, assure la distribution intérieure. Centrée sur la façade principale, cette tour est signe de pouvoir et de prestige. Son couronnement par une chambre haute avec cheminée, comme au logis Barrault et à l'hôtel de Pincé, accentue son caractère ostentatoire.
La demeure du chanoine comprenait, au rez-de-chaussée du corps principal, une grande salle et probablement une étude, complétées dans le corps en retour par une cuisine et ses dépendances. L'étage accueillait un appartement dont les annexes, peut être même un oratoire, occupaient l'aile secondaire. De cette période, subsistent une cheminée dans les combles et quelques coussièges dans l'ébrasement des fenêtres.
Le corps d'habitation entre rue et jardin, ajouté au XVIIe siècle au revers du grand logis, est couvert d'un toit en carène, forme originale et exceptionnelle à Angers. Une tourelle d'angle en encorbellement vient agrémenter la façade sur rue. Les remaniements du XVIIIe siècle reflètent bien le raffinement et la sensibilité de l'époque : un élégant balcon coudé de style " Louis XV ", à la fois sur cour et sur rue, est aménagé en relation avec un salon d'étage. Des cheminées et des boiseries modifient également la décoration intérieure.
Hôtel de Tinténiac, puis Grandet de la Plesse (doc. P. Iogna-Prat) | Hôtel de Tinténiac, puis Grandet de la Plesse (doc. P. Iogna-Prat) |
Classé monument historique
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