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L'église, datée de 1567, son remarquable porche sud, ses retables baroques richement ornés et ses poutres et sablières sculptées parmi les plus belles de Bretagne, notamment, ont su émerveiller les voyageurs du X1Xè siècle et intéresser les historiens du XXè. Nous laisserons-nous toucher par leurs charmes injustement méconnus ?
"Le porche de Bodilis, daté de 1601, est parmi les plus complets et les plus originaux du Léon" (2). Sur la façade renaissance, la kersantite gris anthracite des colonnes et des statues alterne harmonieusement avec le granite, plus clair. De part et d'autre de l'entrée, la Vierge Marie et l'Archange Gabriel se répondent ; au-dessus, dans le fronton, sur un croissant de lune, une Vierge à l'Enfant couronnée accueille le visiteur.
Sous le porche, épargné par le temps et la Révolution, siègent encore les douze Apôtres, là où siégeaient autrefois les douze membres du conseil de fabrique, qui était chargé de l'embellissement et de l'entretien de l'église. " Le soubassement portant la galerie des Apôtres est une des œuvres les plus vigoureuses et les plus pittoresques de la Renaissance bretonne " (2).Des panneaux rectangulaires décorés de volutes et de visages de personnages et d’animaux fabuleux sont séparés par des colonnes aux sujets les plus incongrus : un homme et une femme serpents enlacés, un visage précolombien sur des pattes de rapaces, une femme-aigle au collier de fleurs… A l'intérieur de l'église, les cinq retables en bois polychrome de style baroque témoignent du savoir-faire des artistes locaux et de l'importance des échanges commerciaux à cette époque : statues et bas reliefs représentent tantôt des sujets originaux, tantôt des copies d'artistes hollandais. Le sacrifice d'Isaac sur le maître-autel − " chef-d'œuvre de Guillaume l'Errel " (2) - en est un bel exemple. Ecoutons l'ange retenant le bras d'Abraham :
" Parce que tu […] n'as pas épargné ton fils unique, je m'engage […] à faire proliférer ta descendance autant que les étoiles du ciel… " et levons les yeux vers la voûte étoilée… La restauration de la charpente (2000-2002) permet aujourd'hui de découvrir la richesse extraordinaire des multiples sculptures des sablières - " les plus remarquables par le nombre et la variété des sujets représentés " (3) - des entraits à engoulants, des blochets, des culots de poinçon (diverses pièces de bois constituant une charpente). Scènes mythologiques et bibliques, sujets profanes et sacrés s'y entremêlent étrangement. Licorne et lion tirent un attelage, des gueules béantes s'apprêtent à dévorer des hommes et des femmes aux pieds de bouc, des anges portent les instruments de la passion ou les plaies du Christ, la Vierge Marie, enceinte de Jésus, rend visite à Elisabeth, bientôt mère de Jean-Baptiste, etc… La sacristie (1685) accolée à l’église, de plan octogonal en forme de carène renversée est d’une rare élégance.
Elle est le meilleur exemple de construction de ce type.
(1) Le Finistère monumental, Louis Le Guennec
(2) Jean Le Goaziou
(3) La Renaissance en France, Falustre
église classée monument historique depuis 1910
libre
9 h - 17 h
gratuit
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