Le parc du château de La Germonière est un joyau architectural et pittoresque au coeur du val de Saire dont l'origine remonte au 18ème siècle.
Vers 1795, Philippe Fontenilliat, négociant et manufacturier à Rouen, acquit la terre du Vast dans le but d'y construire un établissement industriel. L'entrepreneur normand identifia rapidement le potentiel qu'offrait ce vaste domaine s'étendant de chaque côté de la Saire sur près de 5 km. La proximité des ports de Cherbourg, Barfleur et Saint-Vaast la Hougue fut également bénéfique à ce projet industriel.
L'usine fut construite en 1803 à l'emplacement même de l'étang actuel et deviendra rapidement un symbole de la prospérité industrielle normande du 19ème siècle : à son apogée, 500 à 600 ouvriers produisaient 1500 à 1600 livres de coton filé par jour. En 1831, le Vast compte 1796 habitants.
En 1817, pour augmenter la puissance de l'usine, M. Fontenilliat convertit en étangs près de 3 hectares de prairies situées près de son moulin.
C'est dans cette usine que fut installée la première turbine en Europe d'une puissance de 100 chevaux.
4 anciens moulins dépendaient de cette propriété dont 2 à blé et 2 à papier (l'industrie du papier exista dès le milieu du 17ème siècle pour disparaitre de la région à la fin du 20ème siècle).
Le développement rapide de la filature contribua à l'amélioration du réseau routier de la région, de nombreuses routes et chemins apparaissent afin de relier le Vast à la côte est du Cotentin. Le val de Saire, région jusque-là déshéritée, devient un centre industriel de premier plan.
De cette période datent également les petites maisons du bord de Saire qui servaient à loger les ouvriers.
En 1825, M. Fontenilliat confie la gestion à deux de ses fils : Edouard et Henry, avant de s'éteindre en 1827 et d'être inhumé au cimetière du Vast.
L'association des deux frères perdure jusqu'en 1831, date à laquelle Henry quitta le Vast pour devenir receveur général à Nantes puis à Bordeaux.
Edouard épousa en 1813 Mademoiselle Rangeard de La Germonière, originaire de Touraine, petite fille de M. de la Grandière, maire de Tours en 1760.
Edouard eu 3 filles, dont l'ainée épousa Hippolyte Rangeard de La Germonière. Edouard s'associe en 1831 à son beau-frère Louis-Hippolyte Rangeard de La Germonière, devenu son gendre.
En 1858, Hippolyte reste seul à la tête de l'usine puis s'associe avec son fils, Edmond.
Edmond, dernier descendant de la famille, resta à la tête de l'usine jusqu'en 1886, date à laquelle l'usine s'arrêta avant d'être démolie en 1891. Durant 83 ans, les industriels Fontenilliat puis La Germonière utilisèrent habilement le cours d'eau de la Saire et contribuèrent à la prospérité industrielle du Cotentin.
Cependant, dès 1860, les traités de libre-échange franco-britannique (Traité Cobden-Chevalier en 1860) furent considérés comme une trahison de l'Empereur et provoquèrent la chute des salaires de nombreux ouvriers de l'industrie textile et annoncèrent le déclin de cette industrie. Les laines d'Australie et le coton américain, importés à des tarifs très compétitifs, se substituèrent alors à la production normande.
La maison actuelle résulte de considérables travaux de M. Trolliet, architecte de Paris, qui conserva et transforma le bâtiment administratif de la filature et y ajouta deux ailes. L'ensemble s'intègre avec harmonie dans cet écrin de verdure.
Ces travaux débutent en 1892 et s'achèvent en septembre 1895.
Les cascades, souvenir de la filature, résultent de la transformation de la chute d'eau de l'usine par la maison Combaz, à qui l'on doit la construction de la cascade du bois de Boulogne à Paris.
Edmond de La Germonière, sans descendance, meurt en 1901 et son épouse décida de transmettre en 1930 la maison de maître dénommée " La Germonière " à son neveu Henri Le Picard, grand-père des actuels propriétaires.
Aujourd'hui, le parc du château de La Germonière est ouvert deux fois par an : le 15 août à l'occasion de la fête annuelle du Vast et lors des Journées Européennes du Patrimoine.
Le parc et les cascades sont inscrits aux monuments historiques depuis 2008 et servent occasionnellement de lieu de tournage de films ou pour des séances photos.
Le parc est ouvert une seule fois par an lors des Journées Européennes du Patrimoine.
Gratuit.
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