En bordure de la route de Melgven à Trégunc, à 1500 m du bourg, la chapelle Saint-Antoine est située près de la ferme du même nom. Bâtie en pierres de taille au XVIe siècle, cette petite chapelle rectangulaire se compose d'une nef unique terminée par un chevet à trois pans qui date sans doute d'une restauration du XVIIe siècle tout comme les fenêtres latérales sans meneaux (date de 1689 sur le pignon Ouest). Le chevet a gardé une fenêtre du XVIe siècle. A l'ouest, on peut voir un très beau portail en plein cintre avec de fines voussures.
Sur le placitre, se dresse un calvaire : un fût de deux mètres de hauteur supporte une croix de granit avec une Vierge à l'Enfant au revers du Crucifix. Un peu plus loin en contrebas, se trouve une fontaine en pierres de taille. Le monolithe tronconique de trois mètres planté dans le talus au bord de la route est une stèle funéraire datée de l'Age de fer. Des vestiges du néolithique étaient visibles autrefois à proximité.
Dédicace
La chapelle, anciennement dénommée Chapelle Saint Congar, du nom d'un saint irlandais du VIe siècle, sans doute compagnon de Saint Colomban, fut dédiée au XVe siècle à Saint Antoine ermite dit Saint Antoine le Grand, père du monachisme chrétien, né en Egypte vers 251 et mort vers 356 (à ne pas confondre avec Saint Antoine de Padoue qui vécut au XIIIe siècle). En 1070, les reliques de Saint Antoine ermite, rapportées d'Orient en Dauphiné, firent des miracles. Un ordre hospitalier (les Antonins) fut donc créé et Saint Antoine devint un saint guérisseur. On l'invoquait contre l'ergotisme dit le feu Saint-Antoine, la peste, la lèpre et les maladies vénériennes. Son pouvoir touchait aussi les animaux notamment les porcs et les chevaux.
Histoire
Le nom de Saint-Antoine apparaît au XVIe siècle sur les archives concernant l'incendie du manoir du Fresq dont dépendait la chapelle. Le 17 janvier 1576, des huguenots s'emparèrent de la citadelle de Concq (Concarneau) commandée ce jour-là par le lieutenant Christophe Foucault, seigneur du Fresq. Les Concarnois purent se libérer le 22 janvier mais suspectant leur lieutenant de sympathie pour le Calvinisme, ils vinrent piller et incendier son manoir. Au XVIIe siècle, chaque 17 janvier, fête de la saint Antoine, une messe était célébrée à la chapelle et le châtelain percevait les loyers et les redevances. Les armoiries des propriétaires du Fresq étaient présentes sur la maîtresse-vitre.
En 1760, la chapelle est réparée. En 1840, on paye douze francs aux "portugais de Rosporden"2 pour réparer deux statues et le 21 septembre 1841, on bénit une cloche qui reçoit le nom de Louise. Mais après 1960, la chapelle menace ruine et le pardon tombe en désuétude. C'est pourquoi, en 1972, la Société de Chasse de Saint-Antoine décide de restaurer la chapelle et de relancer le pardon (1er dimanche de septembre). Un Comité de Sauvegarde de la Chapelle Saint-Antoine est constitué en 1983. La toiture est alors entièrement refaite et les vitraux sont remplacés.
Mobilier
Dans le choeur, se trouvent un grand crucifix en bois polychrome et deux statues en pierre calcaire : Saint Antoine en moine, debout sur un buisson ardent, avec bâton, cloche, livre fermé et petit cochon (les Antonins avaient le droit de laisser leurs porcs vagabonder), et Saint Fiacre avec sa bêche et un livre.
Au retour nord de l'abside, une autre statue en pierre, celle d'une Vierge à l'enfant. Au retour Sud, installée sur une console de pierre ornée d'une tête sculptée, une statue de Saint Augustin en bois polychrome. Les vitraux, oeuvres du verrier Pierre le Bihan, datent de la dernière restauration : l'un représente Saint Hubert (remerciement aux chasseurs qui ont restauré la chapelle) et l'autre, Saint Antoine devant un manoir en feu (rappel de l'incendie du Fresq en 1576).
Chapelle Saint-Antoine (doc. Marine Dessaigne) |
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