En 1121, un groupe d'ermites venu d'Aulps (Chablais) s'installe sur la rive orientale du lac du Bourget (près de Cessens), à huit kilomètres au nord-ouest d'Aix-les-Bains. En 1125, sur les conseils de Saint Bernard, ils descendent de l'autre côté du lac, au bord de l'eau, sur le site actuel du monastère. En 1135, saint Bernard leur envoie des moines de Clairvaux ; la communauté regroupe désormais douze religieux. Amédée d'Hauterives, le second abbé, fait construire la première église, accessible uniquement par l'eau.A la fin du XIIe siècle, une grange batelière ou grange d'eau est édifiée au bord du lac. Les bateaux qui abordent l'abbaye viennent s'abriter sous les voûtes de ce magnifique vaisseau de trente mètres sur douze, toujours debout aujourd'hui. Au XIIIe siècle, forte de deux cents moines, la communauté se développe et donne à la Chrétienté pas moins de deux papes (Célestin V et Nicolas III). Le monastère bénéficie de la protection de la Maison de Savoie ; plus de soixante-dix membres de la prestigieuse lignée se feront inhumer à Hautecombe entre le XIIe et le XVIe siècle. En 1340, la chapelle des Princes est aménagée pour accueillir leurs ossements, jusqu'alors enterrés autour de l'église. Au XVe siècle, avec le développement du système de la commende, la communauté s'étiole ; une petite dizaine de moines mènent une vie qui n'a plus rien de pieuse. En 1792, à la Révolution française, l'abbaye ne compte plus que huit religieux. Après l'invasion des troupes républicaines, les bâtiments sont décrétés "biens nationaux" et confisqués. Les religieux sont dispersés, les tombes profanées et le clocher rasé. De 1799 à 1807, les bâtiments abritent une fabrique de faïence. En 1815, le traité de Vienne rend la Savoie au Roi de Piémont-Sardaigne. Charles-Félix entend faire revivre Hautecombe où sont inhumés ses ancêtres.En 1824, rachat de l'abbaye par le Roi Charles-Félix. L'abbaye est confiée à une communauté de cisterciens venue de Turin et sa reconstruction commence, sous les ordres de l'architecte italien Ernesto Melano. Celui-ci crée une exubérante façade de style gothique "troubadour" (1837), surchargée de statues figurant les vertus théologales et libérales. A l'intérieur, plus de trois cents statues veillent sur les cénotaphes et les tombeaux élevés en souvenir des quarante-trois princes de la Maison de Savoie inhumés dans l'abbaye.En 1863, les religieux de Sénanque prennent le relais ; l'abbaye revit et abrite plus de trente moines à la fin du siècle. Mais bientôt les vocations tarissent de nouveau. En 1922, des bénédictins de la congrégation de Solesmes sont appelés pour prendre la relève des cisterciens. Hautecombe redevient un centre de rayonnement spirituel mais aussi un pôle d'attraction pour les touristes. En 1981, Humbert II (1904-1983), éphémère Roi d'Italie (mai-juin 1946), demande par testament à ses héritiers de renoncer au droit de patronage sur Hautecombe ; c'est l'archevêque de Chambéry qui devient le garant de l'abbaye.En 1987, devant la montée du tourisme (environ cent mille visiteurs par an), la communauté bénédictine choisit de partir. En 1992, les trente moines partent pour le prieuré de Ganagobie, dans les Alpes de Haute-Provence, bénédictin depuis Charlemagne. A la demande du Père abbé et de l'Archevêque de Chambéry, la communauté du Chemin-Neuf s'y installe pour poursuivre la vie de prière (offices des laudes et des vêpres, eucharistie) ainsi que l'accueil des nombreux visiteurs. L'abbaye est aussi un centre international de formation pour des jeunes du monde entier, désireux de prendre du temps avec Dieu pour se mettre au service de l'Eglise et du monde.
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